(Présentation aux collègues et aux professionnels français qui s'intéressent à la méthode de dramathérapie, Perpignan, 24 octobre 2010, sous l'organisation de CREETHERAPIE).
La Dramathérapie est une méthode autonome qui a sa propre théorie et ses pratiques. Il s’agit d’une méthode qui utilise la médiation des actes symboliques, ayant comme but la psychothérapie. Son nom provient de la composition de deux mots grecs, drama (δράμα=acte, théâtre) + thérapie (θεραπεία). C’est une des méthodes thérapeutiques des médiations artistiques comme la danse-thérapie, la musicothérapie et l’art-thérapie (ou peinture thérapie). Toutes ces méthodes vont au-delà du langage, en introduisant d’autres moyens expressifs et en mobilisant d’autres fonctions du psychisme, comme celles de l’imagination et de la créativité, mais aussi du corps et de la voix. Ainsi, toutes les thérapies médiatisées des arts peuvent être classifiées aux thérapies holistiques.
C’est important d’utiliser tous le même terme pour designer la même méthode pour plusieures raisons. La première raison se réfère à l’épistémologie. Ainsi, si dans le monde entier tous les professionnels qui exercent la méthode l’appellent de la même façon ; la communication, la recherche et la pratique seront plus faciles. C’est peut-être utile à noter la différence qui existe parmi les Etats-Unis et l’Angleterre où dans le premier cas, la dramathérapie se forme de deux mots espacés (Drama Therapy), tandis qu’au deuxième cas la dramathérapie c’est un mot (Dramatherapy). Mais cette petite différence ne pose pas de sérieux problèmes à la communication et au sens commun.
La deuxième raison, la plus principale, est que le mot Drama ne signifie pas seulement le théâtre, mais chaque action qui a du sens pour la personne ou pour le groupe (Provenant du verbe δράω-δρῶ=agir, d’ où acteur).
Le rapport du drame et du théâtre à la thérapie n’est pas nouveau. On trouve le drame étroitement lié aux cérémonies chamaniques dans les sociétés primitives. Dans celles-ci il y a aussi la connexion du rituel à la thérapie ou au développement (comme c’est le cas des rites d’initiation à la vie adulte).
La période classique de l’antiquité grecque est l’air où le théâtre, en tant que forme artistique, sous la forme de la tragédie, se lie à la thérapie des diverses maladies. C’est le fameux docteur de l’époque Asclépios, qui fait construire le théâtre dans le même espace avec l’hôpital, comme c’est le cas d’Épidaure. Asclépios croyait que comme plusieures maladies sont psychosomatiques ; le malade-spectateur de la tragédie par son identification à l’ héros tragique, arrive lui-aussi à la catharsis à la fin de l’œuvre. Aristote avait déjà mentionné le rôle de catharsis dans son œuvre « De l’âme» (« Περί Ψυχής»).
Cette relation a tombé dans l’oubli pour plusieurs siècles. Mais par contre, il y a eu des cas dans des pays comme l’Angleterre et l’Italie dans lesquels le théâtre a connu des grands moments historiques. Il s’agit du phénomène Shakespeare et de celui-ci de la Commedia de ll’Arte. On peut facilement constater que la dramathérapie fait son apparence et gagne vite une place estimée parmi les autres psychothérapies, premièrement à ces pays qui ont une tradition théâtrale.
C’est Moreno (1889-1974), aux Etats-Unis qui a rétabli cette relation (théâtre-thérapie) en inventant la méthode du psychodrame. Moreno a introduit la médiation du théâtre pour la psychothérapie des malades psychiatriques. Le psychodrame, après avoir fait face aux obstacles de la méfiance des psychiatres de l’époque, a trouvé sa place estimée dans la gamme des psychothérapies. La psychanalyse, qui elle aussi provient d’un croisement de plusieurs courants, l’a adopté et aujourd’hui nous rencontrons plusieurs psychanalystes-psychodramatistes.
Il ne s’agit pas d’une coïncidence due au hasard. Freud, lui-même a été beaucoup influencé par la tragédie et la mythologie grecque afin de construire ses modèles théoriques comme le complexe d’Œdipe et celui sur le narcissisme. Cette acceptation du psychodrame par les psychanalystes lui a ajouté l’adjectif « psychanalytique », qui a renforcé en plus cette relation étroite parmi les deux méthodes.
Les inspirations et les pionniers de dramathérapie
Nous avons déjà mentionné l’influence que la tragédie a exercée sur Freud à la découverte de la psychanalyse. Un autre psychanalyste, Yung a aussi influencé la méthode de dramathérapie, comme il a beaucoup travaillé sur les symboles et il a parlé de la persona et des archétypes.
En même temps où la dramathérapie apparaît, nous avons la théorie psychosociologique d’Erving Goffman, qui a vu la vie quotidienne comme un théâtre dans lequel l’individu change des masques selon les différents milieux et ses différents rôles sociaux.
En France, Antonin Artaud (1896-1948) a insisté que le théâtre peut et doit être quelque chose de plus qu’un spectacle artistique. Le théâtre pour Artaud n’imite pas le monde réel mais il le crée.
Peter Brook (1925-) a aussi contribué à la naissance de la dramathérapie, en introduisant dans son théâtre le jeu et l’improvisation. Comme à la musique, aussi au théâtre, le but est que le groupe crée un événement artistique par le travail spontané. Alors l’emphase se donne à l’imagination, l’intuition et la flexibilité comme personne ne sait ce qui va apparaître à la fin en tant que résultat.
De l’autre côté de l’Atlantique, Augusto Boal (1931-2009), utilise le théâtre en tant que médiation activiste, en tant qu’arme contre la dictature et le nationalisme. Son œuvre a été la cause de son exile en Argentine où il a écrit son œuvre classique «le théâtre des opprimés ». Plus tard, après la chute de la dictature il a utilisé le drame comme médiation dans divers domaines. Son mariage avec une psychanalyste l’a aussi influencé à cet épanouissement.
La dramathérapie en tant que méthode appelée sous ce terme, apparaît pour la première fois en Angleterre vers la moitié du vingtième siècle. C’est l’acteur Peter Slade qui utilise le théâtre aux enfants ayant un but thérapeutique. Son bouquin « Child Drama » (1954) exerce une influence susceptible au développement de nouvelle méthode.
A cette période apparaît Sue Jennings, la figure la plus emblématique par les pionniers de la dramathérapie. Danseuse et anthropologue, elle a été influencée par les rituels thérapeutiques liés au drame chez les populations animistes. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur la méthode de dramathérapie et elle continue la recherche. C’est Sue Jennings qui a aussi distribué ce savoir dans plusieurs pays, comme c’est le cas de la Grèce. Marion Lindkvist a créé l’institut « Sesame » le 1964 qui a été fondu sur trois courants : Le travail de Peter Slade avec les enfants, le travail de Rudolf Laban à la danse et le mouvement et la théorie de Yung sur les archétypes.
En même temps, à peu près, la dramathérapie se développe aux Etats-Unis plutôt par l’acteur Robert Landy qui introduit sa théorie des rôles et aujourd’hui, ayant offert une riche contribution par l’écriture de plusieurs livres, il introduit la méthode en tant qu’objet de recherche et de formation a New York University.
Aujourd’hui, la dramathérapie se trouve en tant que pratique mais aussi en tant que formation professionnelle en Grèce, Israël, Norvège, Finlande, aux Etats-Unis et au Canada, dans quelques pays d’Asie (comme la Thaïlande et la Corée) et dans les pays de l’Amérique latine.
Mais comment nous définissons la dramathérapie ?
On peut trouver plusieures définitions, nous allons mentionner ceux que nous considérons comme les plus importantes.
Pour l’ association britannique des dramathérapeutes, la dramathérapie est le processus qui aide à comprendre et à résoudre des problèmes psychologiques ou relationnels, des maladies mentales et des handicaps en facilitant l’expression symbolique par laquelle chaque personne peut avoir accès à soi-même. Ce processus peut se réaliser individuellement ou en groupe, en mobilisant des structures créatives qui impliquent aussi la communication vocale et physique.
Pour Sue Jennings (1992) la dramathérapie est l’utilisation du théâtre et en général du drame pour la thérapie. Pour elle, le thérapeute n’est pas un psychothérapeute mais un artiste créatif et la dramathérapie est une méthode qui renouvelle la créativité pas seulement de la personne à laquelle s’adresse, mais aussi au thérapeute lui-même.
En général nous pouvons dire que la dramathérapie est la thérapie par la médiation du drame qui se base sur la métaphore et qui permet au sujet, par l’introduction des actions symboliques, d’explorer soi-même au sein d’un contexte thérapeutique, individuel ou groupale.
L’éducation du dramathérapeute vient, le plus souvent, comme la suite d’une autre éducation qui a été faite soit sur les sciences humaines soit sur le théâtre. Il s’agit d’une éducation qui se base en même temps sur la science et sur l’art. Ainsi, il y a beaucoup de cours sur la psychologie, la psychiatrie, l’anthropologie, la théorie du théâtre, mais aussi plusieurs ateliers du théâtre qui travaillent avec la voix, le corps, le masque et la mise en scène. Les étudiants doivent être eux-mêmes dans une thérapie en tant que membres du groupe, faire des thèses, des pratiques et créer des mises en pièces du théâtre.
Les différents modèles de la Dramathérapie
Nous avons plusieurs modèles de dramathérapie, qui résultent de l’identité des thérapeutes, de leurs influences par d’autres méthodes, leurs cultures, leurs personnalités et d’autres théories ou diverses formes artistiques. Même qu’il y a cette diversité dans la pratique et la théorie de ces modèles, la dramathérapie n’a pas le danger de se transformer à une autre forme, comme tout ces courants se basent sur les principes généraux de la méthode dramathérapeutique. Par contre, ces différents modèles donnent une richesse énorme à la méthode et une liberté au thérapeute et aux clients de choisir le modèle qui leur est le plus convenable à leurs personnalités et besoins. Nous pouvons ainsi distinguer les modèles suivants:
Le modèle théâtrale. C’est plutôt pratiqué par des dramathérapeutes qui proviennent du théâtre. C’est le modèle où la médiation thérapeutique se réfère surtout au théâtre et sur les textes théâtraux.
Le modèle du drame thérapeutique (ou nous basons la médiation sur l’usage des mythes, des légendes, des adverbes, des histoires religieuses, des fables etc.). Ici, l’expression elle-même se considère comme thérapeutique et on ne fait pas appel à l’interprétation du contenu manifeste.
Le modèle basé sur la théorie du rôle (R. Landy). C’est comme la suite de la théorie du sociologue Goffman qui disait que notre vie est déjà dramatique et que nous jouons plusieurs rôles dans la vie quotidienne. Ici, le but est de faciliter l’individu à pouvoir jouer la plus grande quantité de rôles possibles afin d’assumer des nouveaux rôles qui vont l’aider dans sa vie.
Le modèle anthropologique dans lequel le thérapeute se ressemble plutôt au shaman. Ça donne beaucoup d’importance à l’usage des rituels et au spiritualisme. Sous cette perspective nous pouvons mentionner le modèle de la transformation développementale proposé par R. Johnson.
Le modèle psychanalytique qui combine le contexte et la théorie psychanalytique et la médiation des actes symboliques. Ici, nous tenons compte aussi le transfert et le contre-transfert et il y a des interprétations qui se proposent sur le produit symbolique par le groupe ou le thérapeute.
Le modèle cognitif, qui vise à l’élaboration des aspects cognitifs et au développement soit des enfants, soit des adultes qui ont des déficits mentaux ou des maladies dégénératives mentales. Il s’agit aussi de ces cas où le but n’est pas la thérapie, mais l’éducation ou la rééducation.
Différences par le Psychodrame
Dramathérapie et psychodrame ont plusieurs points communs, mais le plus important c’est l’utilisation de la même médiation et du drame qui a comme but la psychothérapie.
Mais ces deux méthodes ont aussi plusieures différences.
La plus importante est que le psychodrame ne se fond pas sur la métaphore. Ainsi, la personne joue un événement de sa propre vie et les participants sont auxiliaires à la mise en scène de cet événement, en jouant des rôles des personnes réels ou des rôles imaginaires, comme par exemple celui-ci de la voix de la volonté du participant. Mais même que ces rôles sont imaginaires ; ils se référent au vécu réel de la personne, tandis que la dramathérapie ne touche pas le vécu de cette façon directe.
L’essai des rôles différents, hors de l’histoire propre du sujet, au sein de l’environnement sécurisant thérapeutique et leur exploration sur la scène, peut aboutir finalement à la réflexion sur les rôles assumés/appris par la famille.
L’individu a l’ occasion d’essayer plusieurs rôles, et choisir parmi eux (déjà acquis ou pas encore) quels il va garder ou assumer et quels ne lui sont pas profitables à sa vie et essayer les abandonner.
Une autre différence c’est qu’en dramathérapie nous donnons beaucoup d’importance au produit esthétique de l’action symbolique. Ainsi, chaque séance est en même temps un événement culturel/artistique. L’importance à l’esthétique vise à deux buts. Le premier est de créer un espace distancié qui permettra aux éléments inconscients de venir à la conscience, de la même manière qui se passe au cas du rêve. Ainsi, c’est la méthode elle-même qui se fonctionne en tant que masque qui en même temps protège et dévoile les secrets du psychisme en annulant la censure qui sépare l’inconscient de la conscience. L’autre raison de l’importance sur l’esthétique, vient aussi par l’idée qu’en augmentant la créativité de la personne nous diminuons sa destructivité.
Une autre différence c’est qu’en dramathérapie nous faisons l’usage du rituel. Les rituels y sont très importants, comme ils aident à poser des limites très distinguées parmi la réalité et l’imaginaire pour éviter la confusion de ces deux instances, surtout lorsqu’ on travaille avec des personnes psychotiques. L’usage de rituels peut aussi avoir une fonction bénéficiaire sur la cohésion du groupe et dans d’autres aspects thérapeutiques.
Au psychodrame nous avons un protagoniste, tandis qu’en dramathérapie tous les sujets participent en même temps en travaillant chacun sur ses propres contenus psychiques et relationnels.
Le rôle du psychodramaticien est un rôle beaucoup plus directif que celui du dramathérapeute qui est plutôt facilitateur.
La structure de la séance psychodramatique est beaucoup plus stricte que celle de la séance dramathérapeutique. Même que le contexte soit stable en tant que contenant de la thérapie, en dramathérapie nous donnons beaucoup d’importance aussi à la spontanéité, alors la situation a plus du risque pour le thérapeute.
Le caractère ludique est beaucoup plus important et étroitement lié à la théorie de dramathérapie qu’au psychodrame.
La catharsis est une demande par le psychodrame, tandis qu’en dramathérapie nous ne nous y intéressons pas. Ce n’est pas par le drame que la personne arrivera à la situation cathartique, mais par l’élaboration qui suit celui-ci dans un second temps.
La dramathérapie n’utilise pas seulement le théâtre, mais chaque activité qui peut obtenir un contenu symbolique et médiatique.
Nous pourrions dire que le psychodrame est plutôt apollonien, tandis que la dramathérapie est plutôt dionysiaque. En dramathérapie, c’est pouvoir avoir accès dans le monde obscur de l’inconscient et cela se ressemble en peu comme à la descente au monde d’Adis ou à l’entrée au labyrinthe. Le fil qui permettra d’en sortir ce sont la métaphore à la réalité, le rituel qu’il faut garder et le thérapeute ou le groupe qui comme Ariane au mythe de Thésée qu’il(s) ne laisse(nt) pas la personne à se perdre. En plus, en dramathérapie nous donnons l’importance à l’expérience extatique, pas d’un point de vue spirituel, mais dans la perspective que l’individu doit s’en sortir de son propre identité pour pouvoir voir le monde par les lunettes d’autrui.
Les techniques projectives sont utilisées seulement en dramathérapie.
La dramathérapie peut avoir d’autres buts liés indirectement à la thérapie, comme la création d’une pièce de théâtre. Alors nous avons souvent en dramathérapie le but artistique qui se combine avec le but thérapeutique.
Facteurs thérapeutiques
Le théâtre est peut être la forme artistique la plus sociable. Il nécessite la coopération de plusieurs agents pour qu’on arrive à la représentation sur la scène. Alors si quelqu’un a des problèmes au niveau relationnel il apprend à se coopérer. En plus, les rôles aident l’individu à développer l’empathie et par conséquence devenir plus communicatif dans ses propres relations. Sur la scène tout s’augmente. Alors c’est beaucoup plus facile de constater et d’évaluer les rôles qu’on a ou qu’on essaie.
Par la dramathérapie, l’individu s’initie aux rôles nouveaux et il apprend à jouer différents rôles de ceux qui lui sont familiers. Pour Landy la capacité de jouer plusieurs rôles c’est un indice d’une vie heureuse.
Apprendre à sortir d’un point de vue fixe pour voir le monde par les yeux d’un autre, l’individu devient flexible. Tous les cliniciens nous pouvons constater que, dans la plupart des psychopathologies, il y a une rigidité aux patterns acquis et aux constructions cognitives et il y a une difficulté à penser d’une différente manière.
Il y a plusieurs clients qui arrivent chez le dramathérapeute car ils sentent leur vie appauvrie. Il s’agit surtout aux cas ou pendant leur enfance, la famille et leur éducation ne leur ont pas offert de stimulations afin de développer ce que la psychanalyse appelle les processus primaires. Ce sont les gens qui sont très aptes à résoudre de problèmes pratiques dans leur vie quotidienne mais ils n’ont pas la joie de vivre. Ils ne savent pas comment jouer avec leurs enfants, ils ne savent pas comment créer. Ils ne cuisinent pas que suivant la recette fidèlement. La dramathérapie arrive à activer le cerveau droit qui est responsable de l’imagination, de la spontanéité, de l’intuition et de la perception de globalité des choses etc. Notre but sur ce point est de pouvoir arriver à l’équilibre de deux cerveaux.
La plupart de cette population a aussi appris de ne pas s’exprimer. Ils pensent plutôt qu’ils sentent. Dans ce cas, ils somatisent. Il s’agit là d’une connexion du niveau somatique à l’affect. Alors le symptôme lui-même a subi un déplacement comme il n’arrive pas à s’exprimer d’une autre voie plus élaborée.
Par la dramathérapie, le sujet arrive à exprimer l’affect d’une façon plus directe et de ne pas parcourir au mécanisme de l’intellectualisation de celui-ci. En plus, ces problèmes disparaissent beaucoup plus vite que par d’autres méthodes psychodynamiques, car la dramathérapie a une gamme beaucoup plus vaste au niveau de sémiologie (corps, voix, langage, interactions, produits symboliques). Ce processus alors, facilite la production des images mentales et la connexion parmi elles, même aux individus qui ont une grande difficulté aux processus primaires.
La dramathérapie, comme toutes les arts thérapies, orientent la libido ou l’énergie de la personne vers la créativité. Alors, c’est très efficace aux populations qui sont agressifs ou auto-agressifs (psychopathes, prisonniers, toxicomanes mais aussi dépressifs). Elle fonctionne alors au niveau de l’économie psychique en tant que canalisateur de l’énergie qui était jusqu'à ce moment destructive, et la transforme en énergie vitale.
Des nouvelles recherches viennent à montrer que la dramathérapie peut changer pas seulement le comportement mais aussi les structures neurobiologiques. Ainsi, la dramathérapie aide beaucoup aux maladies dégénératives chroniques, comme l’Alzheimer et la démence. Dans ces cas l’intervention agit sur le progrès de la maladie, soit en le retardant soit en l’arrêtant au niveau qui se trouve, mais aussi, dans certains cas, nous voyons une amélioration du patient.
La dramathérapie est une méthode qui peut s’adresser à tous les populations ayant comme but soit le développement, soit la prévention soit la thérapie. Elle s’adapte chaque fois à la demande spécifique de chacun. Par exemple, si on travaille avec des autistes, le but peut être le développement de la communication. Si on a des gens âgés, le but peut être la créativité (comme la défense contre la dépression du troisième âge), mais aussi la prévention de la démence.
Chez les psychotiques les buts sont la perception de la réalité et sa distinction de l’imagination, la notion de limites corporelles, la socialisation, la sortie de l’isolement et la réorganisation de la structure psychique.
La psychose et la dramathérapie, toutes les deux, se basent sur la fonction imaginaire, irréelle. Mais dans la dramathérapie les deux instances, imagination et réalité, sont très bien distinguées (scène=le lieu de l’imagination. Le cycle du groupe ou le bureau du dramathérapeute au cas de la thérapie individuelle=le lieu de la réalité). Cette distinction se renforce par l’usage des différentes techniques et rituels, comme c’est le cas des trois sons de la cloche qui signifient le debout de l’action imaginaire sur la scène, signal pareil de celui du théâtre, ou celui-ci par des techniques qui visent à la facilitation de la sortie du rôle etc.
En plus, le psychotique entre dans le monde imaginaire tout seul, tandis que dans la dramathérapie il a des témoins qui sont soit le groupe soit/et le thérapeute. Ainsi nous pouvons constater par l’expérience clinique, que la dramathérapie est une méthode très efficace chez les psychotiques.
Dans les cas limites, la dramathérapie transforme les si fréquents passages de l’acte aux actions riches du sens sur la scène. Ainsi, le acting-out devient un acting-in, qui ouvre la voie à l’élaboration psychique et donne du sens à ce qui a été jusqu'à ce moment insignifiant.
En développant l’imagination créative, les gens apprennent à visionner leur avenir et transformer leurs désirs aux buts concrets. La vision est le premier pas de la réalisation et de la création.
La dramathérapie est une méthode qui mobilise tout l’être. Il y a beaucoup de clients qui aiment penser ou parler sans agir. Il s’agit plutôt des cas de dépendance psychologique qui peut se fondre sur une absence de foi à soi-même. Dans ces cas le sujet doit aussi agir sur la scène et pas seulement parler. Nous contrôlons beaucoup plus le langage que la communication non verbale (provenant du corps, de sa posture, de la voix, de l’expression du visage etc.).
S’exposer sur la scène n’est pas facile. Tout devient très visible, les inconvénients inclus. Pour les gens qui ont des difficultés au niveau de l’identité concernant l’image du corps ou le sous-estime de soi, l’expérience de jouer sur la scène théâtrale sous le regard des spectateurs (qui sont les autres membres du groupe ou le thérapeute) constitue presque un rite d’initiation. La psychothérapie leur donne un contexte sécurisant pour qu’ils s’exposent et cette exposition sur la scène renforce leur psychisme énormément. Ils arrivent ainsi à faire face au regard des autres, au sentiment de la pudeur, à pouvoir survivre au jugement et à rétablir une image de soi beaucoup plus valorisante.
Par la dramathérapie nous pouvons avoir accès thérapeutique aux cas où il y a de problèmes au niveau du langage. Comme le langage n’est pas la seule voie de la méthode, nous pouvons très bien travailler avec des cas où une autre thérapie basée sur le langage ne peut pas (autisme, étrangers etc.).
La dramathérapie permet l’expression des choses inédites. Des choses que les gens n’osent pas avouer ni au groupe, ni au thérapeute et parfois ni à eux-mêmes. L’activité symbolique est un facilitateur pour arriver à ces côtés plus obscurs.
Mécanismes thérapeutiques de la méthode
Pour Barron & Kenny (1986) les mécanismes thérapeutiques sont des interventions ou des processus thérapeutiques qui se considèrent comme les agents causals qui conduisent à l’amélioration du client. Ils se réfèrent alors à la manière que la thérapie s’effectue.
En dramathérapie nous pouvons distinguer plusieurs mécanismes thérapeutiques.
La métaphore. La métaphore est le mécanisme le plus important de la méthode, comme elle est étroitement liée à son identité. C’est la métaphore qui permet l’accès à l’inconscient. La métaphore se base sur la similitude de deux éléments, un qui est le manifeste, loin de l’histoire propre de la personne, et l’autre qui est latent et qui se réfère au psychisme et au vécu. La métaphore est comme le pont qui unit ces deux instances. L’accès au contenu latent et inconscient se réalise par la personne elle-même mais aussi par les témoins, le groupe ou le thérapeute.
Le reflet du groupe. Les membres du groupe partagent leurs sentiments, leurs observations et leurs pensées après l’activité artistique-symbolique. C’est un processus qui se réalise dans la plupart des thérapies en groupe et ce n’est pas un élément spécifique à la dramathérapie. Mais en dramathérapie, c’est encore plus intensif, comme les membres assument aussi le rôle du spectateur ou ils se trouvent dans une situation qui vise à regarder, à sentir et à penser ayant leur attention très vigilante.
La prise de distance. La prise de distance est aussi quelque chose qui différencie la dramathérapie de la plupart des autres thérapies. La distance peut être réalisée par l’importance qui se donne à l’esthétique, par les rôles, par l’usage des symboles. C’est comme si la dramathérapie crée des circonstances similaires au rêve. Et comme Freud disait, « le rêve est la voix royale vers l’inconscient ». Comme dans le rêve, l’individu sur la scène peut devenir ou faire tout ce qu’il veut, tout ce qui serait impossible à faire ou incorporer au-delà du niveau imaginaire. La dramathérapie elle-même fonctionne comme un masque. Et par ce masque l’individu se protège et se dévoile en même temps en exprimant tout ce qu’il ne peut pas exprimer dans la vie réelle.
La projection. Il s’agit d’un mécanisme qui se réfère à l’usage des produits symboliques par les clients. En faisant un masque ou en jouant un rôle, ils projettent sur ceux-ci leurs propres caractéristiques. Ce processus n’est pas au départ conscient, mais la personne arrive à comprendre et à souligner ses similitudes avec l’objet médiatique qu’il choisit ou construit.
L’identification. Ce processus se réfère plutôt aux rôles joués ou essayés par les personnes. Mais il peut aussi se référer à son identification par les autres membres du groupe, car ça se passe dans toute la thérapie groupale.
La canalisation de l’énergie destructive aux voies créatives. La personne peut construire un objet qui va représenter la colère, la haine, l’envie, l’ennui etc. Nous voyons que par la créativité imposée par la méthode, l’individu arrive à se soulager, à élaborer des images mentales et des réflexions, et finalement à transformer sa destructivité en créativité. Nous pouvons dire que la dramathérapie transforme des manifestations de Thanatos, à des manifestations d’Eros (nous nous référons ici à la théorie de Freud sur les pulsions et la libido).
Acting in à la place de l’acting out. Nous savons bien que si la personne n’a pas bien élaboré les processus secondaires (élaboration mentale de l’affect), elle exprime un affect intensif par des passages à l’acte. Ces passages à l’acte (acting out) ont des conséquences souvent négatives pour sa vie et ses relations. Mais par contre, elles ont une fonction de soulager le psychisme par l’excès de cet affect. En dramathérapie, il y a toutes les conditions qui permettent à la personne d’exprimer tout ce qu’il a besoin sur la scène. Ce point est très important car d’une part offre le soulagement au psychisme par l’expression, mais d’autre part donne du sens à ces actes en permettant le développement des processus secondaires.
La prise en compte des phénomènes transférentiels ou contre-transférentiels. Le transfert et le contre transfert offrent une autre scène, inconsciente cette fois-ci par le sujet. La prise de conscience de ces phénomènes nous ajoute encore un contexte sémiologique qui aide la personne à comprendre comment son propre vécu intervient dans chaque relation et altère celle-ci de façon inconsciente. La poly sémiologie offerte par la dramathérapie est une des raisons principales de son efficacité.
Perspectives de l’avenir
La dramathérapie est encore une nouvelle méthode. Elle n’existe que presque un demi siècle. Ainsi, son champ est très vaste à la recherche et aux nouvelles perspectives théoriques. Sa pratique s’enrichie sans cesse et ses techniques sont innumérables.
Comme elle se trouve dans le carrefour de la science et de l’art, elle s’influence beaucoup par les nouvelles découvertes scientifiques en sciences sociales mais aussi par les nouvelles vagues artistiques et les nouvelles formes théâtrales.
De l’autre côté, elle aussi influence ces deux vastes espaces. Ainsi, il y a un grand intérêt aux sciences d’éducation à incorporer des méthodes basées à l’expérience ayant comme but, pas la thérapie cette fois ci, mais l’éducation. Des modèles théâtrales aussi, comme le théâtre play-back sont dans une relation très étroite avec la méthode de dramathérapie. Nous pouvons trouver plusieurs de tels exemples dans de différents domaines et ils deviennent plus nombreux pendant les années.
Il y a peu d’années que l’intérêt des plusieurs disciplines s’adresse sur l’énigme de la créativité. La question principale qui se pose c’est comment la définir et comment nous pouvons la développer. Tout ce discours scientifique est très positif pour la dramathérapie, comme c’est une des méthodes principales qui conduisent au développement de la créativité.
Comme c’est le cas de toutes nouvelles méthodes qui n’ont pas leur source théorique et pratique à une seule discipline, la dramathérapie devait faire face à la méfiance de la plupart du monde scientifique. Mais les artistes aussi ne la reconnaissaient pas comme une forme artistique, mais comme un hybride.
Ces attitudes ont beaucoup changé dans les dernières années aux pays où la dramathérapie existe depuis plusieurs décennies, mais elles sont toujours actives aux pays qui viennent d’adopter la méthode. Ces résistances peuvent bénéficier la méthode comme nous conduisent à la démarche de nouvelles recherches et pratiques. Les résultats thérapeutiques sont la meilleure voie à persuader même les plus méfiants professionnels de la santé mentale sur l’efficacité de notre méthode thérapeutique.
La formation des jeunes dramathérapeutes et les critères de celle-ci s’associent à la reconnaissance dans le milieu scientifique et artistique. Elle est aussi étroitement liée à la formation de l’identité professionnelle du dramathérapeute.
Les associations nationales et internationales y contribuent et organisent des rencontres professionnels et multidisciplinaires (colloques, conférences, journées etc.) pour aider à la production du langage scientifique, stimuler l’intérêt à la recherche, et communiquer leurs résultats.
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